L’enfant bulle

L’enfant flottait à un mètre du sol en position foetale, dans un liquide opalescent de couleur rosée quand A arriva dans la chambre. Une lumière s’exhalait en pulsations douces de la poche amniotique. L’enfant balançait mollement au rythme de cette vibration pulsatile  émanant du masque recouvrant entièrement son visage poupin. La masse gélatineuse présentait des structures veineuses qui opacifiaient la transparence originelle. Des petits tourbillons rouge sang, des agglomérations filandreuses flottaient dans le liquide baignant ses membres, dessinant de fines arabesque et des dentelles d’une substance mousseuse. L’enfant n’était pas mort. Ses bras bougeaient, ses pieds dansaient et sa tête se tournait vers les sons avec souplesse. Les gestes étaient fluides, calmes, apaisés. Au toucher la poche était chaude et douce comme la peau tendue d’une personne enceinte. Des exhalaisons de quiétude et béatitude quasi hypnotiques flottaient dans la pièce. Autour du ventre artificiel, on avait installé des poufs et des hamacs, afin de tenir compagnie à l’enfant bulle. Les personnes entrant dans la pièce éprouvaient de plus en plus de difficultés à en sortir, et certaines avaient même commencé à communiquer qu’elles souhaitaient venir mettre leur masque dans cette chambre et ne plus jamais ressortir, pour entrer dans une communion amniotique avec l’enfant. B fut bientôt incapable de répondre et contrer toutes les demandes insistantes pour venir toucher et palper l’enfant à travers la poche. B était de plus en proie à l’angoisse que toutes les personnes de sa maisonnée ne décide de s’affubler d’un masque en permanence ce qui laisserait B dans la solitude la plus complète pour régler les détails logistiques, chose qui lui semblait inconcevable après tous les efforts entrepris pour demeurer efficace et de bonne humeur auprès de ses pairs. B avait pu cacher la mort de la jeune personne roumaine, mais n’avait pas anticipé le choc que causerait sa disparition à aux enfants, loin d’être dupes de ce qui s’était passé. La fuite permanente pour échapper à ses émotions conduisait inexorablement à la perte de tout ce qui comptait dans son existence. Finalement, à bout de ressources, appeler le support technique après vente et avouer que le masque commandé pour une personne roumaine avait été subtilisé par son enfant était apparu comme plus sage. Les conséquences pénales on verrait plus tard.

« Pour les manifestation indésirables veuillez appuyer sur 1. Pour commander un garde masque sur 2, pour une aide à distance pendant le rituel d’accommodation sur 3. Pour toute autre demande, veuillez appuyer sur 4. Veuillez patienter, nous vous mettons en relation avec notre équipe de conseil à la clientèle. Pour notre sécurité juridique cette conversation peut être enregistrée. Veuillez nous excuser, tout notre personnel est en ligne. merci de renouveler votre appel ultérieurement, de 10h30 à 11h15 les mardis, jeudi et dimanches fériés. Vous pouvez également consulter notre site web ou utiliser notre formulaire de contact. Nous vous souhaitons une agréable journée avec nos produits AVAZ »

Le succès des masques rendait difficile l’accès au support technique. Au bout de deux semaines, B avait fini par obtenir une intervention d’urgence. Après avoir épluché le site web dans tous les sens pour trouver un formulaire de contact, une petite enveloppe minuscule au bas de l’écran à coté du SIRET une fois cliquée avait donné naissance au message le plus bref possible « Au secours. J’ai un enfant bulle ». AVAZ avait réagi dans la minute, craignant un fiasco de communication virale sur le web.

« Veuillez décliner votre date de naissance, numéro de sécurité sociale et date et lieu de l’achat. Vérifiez que êtes en possession d’une garantie valable et veuillez accepter nos conditions générales d’assistance en urgence pour accélérer la procédure ». Conditions générales: « AVAZ décline toute responsabilité en cas d’utilisation abusive du masque au delà des utilisations prévues dans les conditions générales d’achat que vous avez accepté avant la livraison de votre avatar. Toute intervention non couverte par la garantie sera facturée au prix coûtant. Veuillez noter qu’en raison du risque de propagation des systèmes de bulles formées au sein d’un foyer. la formation de bulles est considérée comme une atteinte à l’ordre publique nécessitant l’intervention immédiate de la brigade des stupéfiants virtuels. »

B à ce moment avait senti ses émotions quitter son corps, son coeur se geler, et identifié une pulsation minime, un tic émanant de son masque. La peur qu’il se détache lui avait fait porter ses doigts au visage, et ils y étaient restés collés. Il lui avait fallu les arracher pour éviter que les fils gélatineux ne commencent à s’immiscer dans les pores du bout de ses doigts. Enfin la firme lui avait envoyé A et A lui avait ôté tout espoir sans qu’aucun sentiment ne puisse sortir de son coeur. B avait conscience que son état n’était plus très normal, cette dichotomie entre le ressenti et ce qui aurait du être ressenti – l’enfant était en danger –  cependant la seule idée de la souffrance à venir quand son masque serait retiré lui était insupportable.

B n’avait plus quitté son masque depuis longtemps, espérant se retrouver dans une bulle, mais la bulle n’était pas venue. C’était injuste. L’enfant semblait baigner dans un bonheur complet qui échappait à B désormais. Impossible d’en douter, ses yeux mi-clos étaient lisses, son front serein, et sa bouche détendue pourvue d’un léger sourire de bouddha.

A sentit son coeur se serrer violemment parce que l’issue lui était claire. Il n’y aurait pas d’échappatoire et le devoir lui dictait de sauver les personnes qui n’avaient pas conscience d’être en danger dans cette pièce. Fallait-il dire la vérité ou bien laisser le choc se produire?

– Le masque perd de sa transparence. Je ne peux plus rien pour cet enfant, dit A. le mode d’emploi des avatars est clair sur ce point, il est dangereux de le porter plus de 12 heures d’affilée. Les enfants par ailleurs n’ont jamais été compris dans le protocole d’expérimentation. Je dirais que la vitesse de reproduction neuronales les placent, face à un organisme qui utilise la division cellulaire de son hôte pour se propager dans une situation particulièrement risquée. Cela, vous le savez déjà biensûr, mais pour les quelques nabots qui restent dans cette pièce et qui seraient tentés par l’expérience sachez que la bulle ne peut se développer que sur un corps d’enfant en pleine croissance et avant la puberté. Sortez maintenant et laissez moi faire mon travail. Pas vous, B vous devez rester.

B se tenait en retrait sur le pas de la porte, sans regarder la scène et sa voix parvint à A dans un chuchotement lent:

– Je croyais que vous pouviez toucher son esprit. Il faut l’aider.

– Je ne le peux pas avec les personnes qui portent des masques, comme avec vous d’ailleurs. Le masque substitue des informations neutres à des émotions sincères qui m’empêchent d’entrer en résonance empathique avec vous et d’analyser avec certitude le flot de votre pensée pour en détacher des sens probables. Je peux cependant deviner un certain nombre de choses par votre regard, mais vos manifestations émotives me sont coupées. Vous êtes vous-mêmes dans une mini bulle, B. Vous arrivez à en maîtriser les effets secondaires parce que vous enlevez de temps en temps ce masque pour dormir, quoique je vois que les soudure autour des oreilles sont presque hermétiquement closes. Attention B, ne vous faites pas d’illusion. La dichotomie que vous ressentez va aller s’amplifiant, et ne pensez pas que vous pourrez partir sans souffrir. Votre esprit logique et rationnel ne se laissera pas faire, il est bien conscient des enjeux vitaux. Depuis combien de temps cet enfant porte-t-il ce masque?

– Je … ne sais pas. Un mois, peut être plus. Cela a commencé pendant mon sommeil, je ne pouvais pas savoir.

– Enlevez votre masque, B. Voilà qui pourrait aider, Montrer lui vos sentiments.

– Je ne peux plus.

– Cet enfant s’est pour ainsi dire  enfermé dans son masque. Il vous a suivi dans votre bulle suite à un choc émotionnel. Seul un autre choc, d’une amplitude frontale appliquée à son esprit rationnel pourra l’en sortir. Y-a-t-il d’autres enfants? – Il y a.. Il y a un autre enfant. Je ne pensais pas que le masque pouvait avoir ces effets là. Que va-t-il se passer?

– J’ai perdu tous les enfants qui vivaient sous mon toit, dit A. Tous jusqu’au dernier contaminés par cette stase envoûtante, cette pulsation morbide. Mais cette poche, je n’ai jamais vu un truc pareil. Si celui là n’en sort pas, l’autre suivra. Ce masque était de plus destiné à une autre personne, voyez là et là: les connections autour du nez et des oreilles sont surdimensionnées. Cela a du provoquer un processus d’acclimatations très douloureux, la pieuvre gélatineuse a certainement du faire le forcing et endommager au passage certaines connections pour s’implanter. C’est un massacre. Vous le subirez aussi, si vous portez votre masque trop longtemps. Votre tristesse doit être affrontée, votre colère aussi.

B préféra changer de sujet.

– Vous ne pouvez pas lui parler?

– B, je peux lui parler, comme vous le pouvez. Cet enfant entend encore les mots. Pourquoi ne lui parlez vous pas?

– Lorsque je lui parle, la poche grossit, le masque devient plus opaque. Il s’agite, porte ses mains à son visage et parfois le masque perd du sang.

– Voilà pourquoi la masse est teintée de rouge. Vous le voyez à travers un rideau de  sang. Enlevez votre masque. Montrez lui que c’est possible. Si cette opération ne lui a jamais été expliquée il ne peut pas savoir que c’est possible.

-Je n’y arrive pas.

– Pourquoi?

– Ce n’est plus possible pour moi de retirer volontairement le masque en journée. Pour le retirer, j’ai besoin de solitude, du noir. J’ai l’impression désagréable de m’arracher les yeux, et que mon cerveau s’écoule par les orifices de mon nez. C’est très pénible, je le fais petit à petit pour ne pas trop souffrir.

A soupira.

– Pourquoi avouer votre souffrance psychique vous pose-t-il un si grand problème? Je vais veiller ici et parler à cet enfant. Ne laisser plus entrer personne et ne vous attendez à rien d’extraordinaire.

L’enfant continuait ses mouvements pulsés lent, ses bras dirigeant un orchestre imaginaire, un parterre de danseurs et danseuses rassemblé-e-s tournoyant lentement. A voyait distinctement les robes longues et fluides suivre la pavane lancinante s’élever dans la tristesse des cors, et une lumière douce éteignait peu à peu les feux du soleil. Plus loin une infante défunte, les mains repliées, sage dans un linceul blanc, les joues encore fraîches de la vie qui avait laissé son corps. Une mère hurlant et hoquetant, son corps secoué de rage, jeté à terre, se roulant, se vrillant.

-Crois-tu encore pouvoir toucher B au travers de son masque?  Enfant, tu vas mourir d’extase dans ton univers virtuel. C’est ton choix.

A d’un geste balaya la musique et en substitua une autre. Je n’irai pas contre ton choix.

– Tu essaies de me convaincre de sortir.

– Oui. J’ai mes raisons, mes choix propres.

– Explique.

– Tu a choisi de couper les sensations qui te relient au monde et de fabriquer les tiennes. Ce rêve est puissant, magnifique. Cependant la matière qui émane de ton masque exerce une fascination  sur les personnes qui t’entourent. B est d’ores et déjà de l’autre coté du rêve quant à-

– B a choisi d’appliquer le masque sur son visage, en nous abandonnant derrière. B est là-mais-pas-là et c’est horrible!

– N’as-tu pas fait de même? N’as tu pas laissé des personnes dans la solitude?

– Je sais que je m’éteins, peu à peu sans souffrir. Si je revenais, je souffrirai à nouveau. Est-ce que je pourrais vivre?

– Peut être, mais probablement pas. La substance a envahi tes organes vitaux. Si tu le retires, tu mourras, c’est la probabilité la plus élevée.

– Tu voudrais me condamner à souffrir alors que je pourrais partir en douceur. Pourquoi devrais-je accepter?

– C’est toi qui choisiras. je te demande juste de promettre d’examiner attentivement les conséquences de ton choix. B a choisi le masque qui t’a coupée de la chaleur de ses émotions. Ce retrait massif d’investissement émotif autour de toi a provoqué une souffrance vive. Pour te venger, tu a mis ce masque. Le masque agit plus rapidement sur les enfants, il imprègne plus rapidement les structures neuronales de tout ton corps, des intestins au cerveau. Il a substitué sa logique d’être vivant à la tienne, en endormant ta douleur. il s’agit avant tout d’un organisme parasite. Il t’apporte une logique artificielle venue du dehors, qui n’est pas la tienne. C’est le syncrétisme vivant d’une drogue très puissante. Les personnes qui en ont conçu le mécanisme ne l’ont pas prévu pour les enfants, mais n’ont pas anticipé la logique interne d’animal vivant de ces objets qui les poussent à envahir l’espace vivant autour d’eux. Il est possible que nous arrivions à une osmose à l’avenir, mais nous n’en sommes pas là.

– Vous faites partie de l’équipe qui a conçu ces objets?

A soupira.

– Oui. Oui. Je voulais aider les gens à ne plus souffrir, à pouvoir être Zen. On ne peut pas être libre en annihilant la souffrance et la colère. Ce sont des énergies puissantes qui peuvent nous servir à construire un monde meilleur.

– Je suis peut-être en osmose avec mon masque. Comment pourrais-tu le savoir?

– Ta volonté est-elle intacte? Peux-tu encore choisir?

– J’ai l’impression de ne plus vouloir que cette bulle qui me berce et me protège.

– Elle te coupe de ceux qui ont un jour compté pour toi, qui ont vécu leur vie avec toi. Et  C? N’y a-t-il plus rien qui ne te rattache à C? C  de sa cachette étouffa un juron de surprise.

– C? Je le vois pas!

– Mais moi oui, car il ne porte pas de masque et je suis une hycamphe télépathe. C, sort de là, je sais que tu es là.

L’enfant rampa de dessous la commode joufflue. Ses petits pieds nus, les orteils ronds apparurent en premier, et ensuite son petit corps tendre. Le nez coulant, les yeux gonflés, les pleurs sur ses joues, des hoquets dans la poitrine. L’enfant couru jusqu’à la poche et se jeta contre elle. Un moment il sembla qu’elle allait l’englober avidement de toute sa masse creusée pour l’accueillir  mais D à l’intérieur souleva  ses pieds pour repousser C doucement hors du creux formé. C chancela et tomba sur ses fesses. Un doudou mordillé et tout gris était serré dans une main. L’autre main se tendit pour toucher la poche, se tendit vers D flottant dans le liquide. Regard implorant.

– Je m’ennuie D. Je m’ennuie beaucoup sans toi. Je voudrais venir avec toi et jouer comme avant. Je voudrais venir avec toi dans cette bulle. Je suis sans personne maintenant. E est partie, B est absente et toi tu passes tes journées dans tes rêves. D tourna la tête vers A.  A resta dans le silence puis:

– Tu vois maintenant  quelles sont tes options et leurs conséquences. B autrefois n’a pas réfléchi plus loin que l’impérieuse envie d’échapper à sa souffrance psychique et de cacher loin enfouie en son subconscient sa colère volcanique. Il aurait pu en être autrement. Se blinder dans son armure condamne à  l’isolement à long terme. Exprimer ses sentiments et ses émotion éloigne certes, mais seulement à court terme, et uniquement les personnes qui n’ont pas d’empathie. Faut-il vraiment  se blinder pour pouvoir subir leur présence? La solitude que tu as trouvé artificiellement te serait venue en laissant tes pensées libres dans leur expression, éloignant les personnes ne partageant pas tes vues et rapprochant celles qui auraient pu alléger ta souffrance et ton besoin de chaleur humaine.

– Je vois.

Le masque émit une vibration inquiétante. Son opacification s’intensifia et la lumière s’irisa davantage de trainées de sang. A retint son souffle, voulu avancer vers la poche, mais ses muscles refusèrent d’obéir, engourdis, pris d’une torpeur langoureuse. A se trouvait dans un rêve dont on n’arrive pas à s’extirper, ou du moins la sensation de difficulté à se mouvoir était-elle la même. D éleva les mains vers la substance greffée à son visage, agrippa les doigts à la masse veineuse et tira de toutes ses forces. Un flot de sang jaillit dans le liquide, le masque se referma plus fort avec un flop d’huitre laiteuse sur son visages, et ses doigts.

– Tu n’es plus libre, D. D agita la tête, le liquide tremblait dans la poche.Impossible de parler, sa bouche était remplie de la masse visqueuse. Tout se passa vite. C plongea la main dans la poche en crevant la peau soyeuse et agrippa le pied de D. Ille déchira l’orifice pour l’agrandir et se glissa comme un têtard à l’intérieur. Ille se hissa sur les genoux repliés en position foetale qui ne bougeaient plus. Des flots de sang jaillissaient du masque, aveuglant C. Ille saisit à deux bras le biceps de D et se hissant encore s’installa à califourchon. La bulle entama un lent mouvement de rotation pour amener la partie perforée vers le haut, les bords commençant à se refermer en laissant échapper une mousse rosée. C déstabilisé se retrouva pendu, la tête en bas, les jambes enserrant le bras de D, qui avec retard suivit le lent mouvement de rétablissement de la bulle. Ille saisit les bords du masque de D, qui dans un dernier effort porta aussi les mains au visage, pour agripper les bords du masque et tirer. Le sang s’échappant du masque devenait noir, envahissait tout. A ne voyait presque plus ce qui se passait dans la bulle. C  tira en s’aidant du poids entier de son corps. Il lâcha les pieds et s’arc bouta avec ses pieds sous les aisselles de D pour tirer encore plus fort. C sentait ses forces l’abandonner, des filaments gélatineux s’enfonçaient dans son nez, une douce sensation de torpeur l’envahissait. Alors D rejeta d’un coup sec sa tête en arrière et combiné au poids de C, la force exercée fit céder le masque qui céda d’un craquement brusque. La bulle vomit son contenu visqueux et sanguinolent sur le sol, et A s’approcha enfin, sortant de sa paralysie involontaire. C et D gisaient entremêlés sur le sol. Le masque tentait maintenant une adaptation au visage de C, dont le corps semblait parcouru de violents soubresauts.  A arracha le masque et le fourra immédiatement dans un garde masque scellé. D avait perdu son visage, rongé et lissé par le parasite, mais ses pensées s’élevaient claires et nettes de son esprit. C, encore tremblant de frayeur prit D dans ses bras et murmura:

– Maintenant tu es libre de partir si tu veux.

A dirigea le flot de ses pensées vers l’esprit ruisselant de souffrance.

-Il n’y a pas de liberté sans douleur. Je ne m’attendais pas à ce que tu réussisses.

-Ma fratrie… Moi oui, mais pas ma fratrie. C jure moi de ne jamais porter de masque.

Comme les nerfs longtemps endormis se réveillaient, D fut submergé par la douleur et se tordit en deux, haletant.

– J’ai pas envie. regarde ce que ce masque a fait de toi.

A leur prit la main, et les deux enfants s’endormirent peu à peu sous l’effet du sédatif télépathe que A leur administrait.  B derrière la porte secoua la tête et s’éloigna d’un pas mesuré. Tant de souffrance au bout du compte. Le boomerang parti loin dans le ciel revenait frapper au coeur de sa cible.

PS merci tout spécial à l’artiste qui a graffé l’image ci dessus sur la porte vermoulue du 10 bis dans le quartier des Grottes. Cette image est depuis affublée d’un smiley, je suis donc contente de l’avoir photographiée avant disparition.

Elles brisées

Justice
Juste hissée
J’eusse tissé
Jus se tisse
J’eu ce tisse

Egalité
Est galleïté
Et gale mité
Egale pitié
Egg alité

Rage
Désespoir
Race Bobo Rouge

A manger dans la main du géant

à mater
le pieu dressé pour t’empaler

sur le râle de la soumission

un cri un mot
pour l’angoisse qui se tord

Justice!

Ce soir je m’envole
par la fenêtre ouverte
un instant seulement
avoir des elles alliées
et pas des ailes aliénées

j’ai tapé ailes brisées
voilà ce qui est sorti
Des pressions
Dépression
Des expressions
Désexprimer
Prima donna
Queen B montée sur piédésdales
Brailler à bon escient
Braillera bon étiolés

Elle n’est pas là
Elle passe
Elle n’aime pas la
Passe action

je voulais de
ta main de déesse
recevoir l’onction
de tes mots de pluie

tu m’as renvoyée
ivresse de l’ire

apanage des anges blessées

écrabouillant leurs soeurs d’infortunes
les anges aux ailes arrachées

triturant leurs mèches folles

maudissent leurs soeurs déchues

je voulais de ta bouche recueillir

la douceur de la mer

mais tu as tourné tes châles bleus

d’ether cotonneux

pour me noyer dans l’oubli

et ma soeur

j’ai mâle

j’émaille

Gèle malle

J’ai le mal

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Mater Dolorosa

Mater Dolorosa


des soirs on se couche
regrettant d’avoir mis de l’eau dans son venin
au lieu du piment explosif
la grenade vocale à cordes
est beaucoup plus détonnante
quand elle est débouchée à fond
on reprend le fil
sur le rasoir
on désapprend la sécurité
on ferme les yeux pour foncer
mais où mais où
mes chiottes sont bouchées
ya que la poire qui a du jus
pour dégorger ce foutu tuyau
après cette décision magistrale
d’artificière de la puissance femelle
à allumer et alimenter
la colère est une émotion salvatrice
shiva écrabouille les grappes
pour féconder le sol
et ganesh y trempe sa plume
écouter jarousky
stabat mater et mourir
c’est l’ère de l’Art totalE
prenez tout ce qui peut
se grimer se gribouiller
sortez dans les rues
barbouiller de lie de lière
enchevêtré
la mère la fille nue
la pute on s’en fout
on l’est toute
mais la mère et la fille
les vieilles et les it-girls

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faut les rabibocher
devant la fenêtre
sur la pluie froide et dégoulinante
le corps tendu vers le jouir
produire des fresques génétiques
de face à face les ventres créatifs
bombés gorgés
prêts à la complicité
prenez boulot et astuces alimentaires
mais surtout
gueulez et brailler
et gribouillez les viscères
sorties tordues au soleil
les tripes de mères
avortées et ombiliquées
marchez le pas lent et puissant
comme une maman mammouth
une grâce inamovible
une tempête tranquille
et faire revenir de temps de l’extase surannée
la jouissance pure de l’instant gratuit
MoMpoWer

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Candide optimisme

Maman Mammouth

Ca roule ma poule. Sourit, serre les fesses, et tout ira bien. Surfant sur la vague rose de la béatitude, l’heure est propice au post de « gratitude ». Il s’agit dans ces posts de cultiver l’onctueuse reconnaissance que l’on a de vivre dans le meilleur des mondes possibles, celui où tout s’équilibre par la main invisible. L’idée brillante derrière le concept est la suivante: même si on est plein de rancoeur à cause de la crise des subprimes qui a foutu les économies de retraitées en l’air, même si le virus ebola extermine les pauvres hères, même si la concentration de propriété n’a jamais été si forte et l’apanage du pouvoir concentré à dose homéopathique chez quelques privilégiées, même si la souffrance, les guerres et la violence semblent omniprésentes, il faut rester positif, car c’est en restant positif que l’on peut construire.

La rage, la colère ne peuvent…

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Changeons les couches dans les sex shops!

Abolitionniste? Quelle horreur! Dans un pays réglementariste, on fait figure de punching ball. Au fait, pourquoi jamais personne ne me demande mon avis à moi? Je suis une femme lambda, mère de surcroit, condamnée à me voir fustigée de la plus austère des frigidités si je dis que oui, voilà, ce ne sont pas les TDS (travailleuses du sexe) qui me posent problème mais leurs clients.

Maman Mammouth

Sur la prostitution, le paradigme pornographique tout a été dit. Moi, la femme lambda, la mère casse bonbons derrière sa poussette, on ne m’a pas demandé ce que ça me fait de traverser les quartiers chauds et de croiser le regard des femmes y vendant leur « potentiel orgasmique ». Quand je croise un homme dans ce quartier, je ne sais jamais si c’est un client ou un gars qui passe par là comme moi. Je me demande comment je dois me conduire, où regarder, je suis empruntée.

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Genève c’est petit, et pour aller au lac, on passe parfois par les Pâquis, où il n’y a pas que les TDS (travailleuses du sexe)  qui valent le détour. On voit pas mal d’intégral à Genève, parfois c’est du voile, parfois c’est du nu. Vive le choix et la liberté. Quelle est ma place au juste, celle qui concilie famille et…

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Changeons les couches dans les sex shops!

Sur la prostitution, le paradigme pornographique tout a été dit. Moi, la femme lambda, la mère casse bonbons derrière sa poussette, on ne m’a pas demandé ce que ça me fait de traverser les quartiers chauds et de croiser le regard des femmes y vendant leur « potentiel orgasmique ». Quand je croise un homme dans ce quartier, je ne sais jamais si c’est un client ou un gars qui passe par là comme moi. Je me demande comment je dois me conduire, où regarder, je suis empruntée.

Capture d’écran 2014-10-16 à 16.10.31

Genève c’est petit, et pour aller au lac, on passe parfois par les Pâquis, où il n’y a pas que les TDS (travailleuses du sexe)  qui valent le détour. On voit pas mal d’intégral à Genève, parfois c’est du voile, parfois c’est du nu. Vive le choix et la liberté. Quelle est ma place au juste, celle qui concilie famille et travail, celle que je cherche au pinacle du plafond de verre et que je ne trouve jamais?

Capture d’écran 2014-10-16 à 16.08.20

Travail, travailleuse, moi je veux bien, si elles le veulent.

Par contre le client qui goguenard me crache son « C’est combien? » à la figure, à moi, encadrée de mes enfants leurs quenottes à la main et leur bouille éberluée à mes cotés, ben, non ça je veux pas vraiment. Mais personne ne vient me le demander. Je n’ai aucun moyen de savoir comment éviter ces gugus lubriques qui vont aux putes, sauf les plus courageux qu’on connait pour avoir  signé le manifeste des 343 salauds:

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Avec mes mômes, ma liberté de circuler se restreint comme peau de chagrin. Les mémés du tram m’injurient quand je ne leur refourgue pas ma place. Ok, le  junkie affalé l’oeil trouble sur son siège est moins ragoûtant que moi la casse-bonbon à poussette. Je n’ai accès ni au cinéma réglementé par de très strictes tranches d’âges, ni à la disco, ni au bistrot, et avec mon bébé, je me suis déjà vue refuser l’accès au Grand Théâtre. Faudrait pas casser l’ambiance aux privilégiées du porte monnaie qui peuvent débourser pour du baby-sitting. Moi, la femme lambda, votre mère bien obligée, je croise pourtant de jolies escorts promenant leurs guiboles aiguillées de strass dans les salons hypes de la haute horlogerie. Leurs clients statistiquement plus nombreux  sont invisibles. Cacher ces hommes qui ne sauraient se faire voir! Je les croise sans savoir jamais qu’ils sont clients, même quand ils atterrissent dans ma vie affublé d’un parachute et d’un kit de survie en ménage, qui se résume à cacher, dissimuler, mentir.  Ils sont peut être mon ami, mon père, mon collègue, mon amant, mon mari, mon boss et je n’en sais rien. Normal, c’est privé, les MST (maladies sexuellement transmissibles) aussi c’est connu ça reste bien cantonné au chaud dans les quartiers X. Par contre moi, la mère lambda, j’ai du faire dix mille tests pour être sûre de ne pas contaminer mon futur bébé. C’est normal, mon ventre est une machine sur commande, muselé pour la contraception, stérilisé pour la prostitution, stimulé pour l’ovulation, vilipendé pour ses productions incontrôlables.

Pour moi et mes moutards pas d’espace privé quand je déambule dans l’espace public. Pourquoi est-ce à moi de les planquer? Comment éviter ce qui campe sur la moindre des affiches de pub?

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Toute chose inconcevable devant les yeux d’un enfant est peut être une chose inconcevable tout court.  Est-il besoin d’enrober mignonne d’une gelée de rose pour lui cacher les épines de la vie?

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Pas besoin de lois pour cela, ni de réglementation, normalement. Juste un peu de savoir vivre, de bon sens. Peut-être ‘un père Camusien martelant à son fils « un homme ça s’empêche ». Celui là est cependant introuvable dans le bataillon des partouzards, qui comptent sur les mères de leur descendance pour les préserver d’avoir à croiser leurs filles dans les petites chambres où ils vont se délester de leurs troubles compulsifs. Certaines filles comme  Nelly Arcan se mettent à les poursuivre dans la vraie vie, ne pouvant faire face à leur attitude ambiguë vis à vis des femmes, qui consiste à laisser paraître en public un homme respectant les femmes, pour exploiter en privé des « femmes vulves ». Jusqu’au suicide, prises dans les filets du paraître séduire dans ce paradigme pornographique qui nous explose à la figure partout. Chez soi, dehors, dedans, partout, impossible d’être assexuel. La burkha de chair est l’apanage occidental des femmes.

Les adeptes du plaisir dit libertin, partent du principe que c’est à moi, la mère lambda  impuissante et toujours responsable de savoir cartographier l’espace public pour éviter de rencontrer ce dont je devrais préserver mes enfants, sous peine d’être estampillée mauvaise mère. J’aurais bien voulu être sympa, aller parler aux fleurs du pavé, leur offrir un café. En vérité j’ai souvent peur d’être perçue comme hostile à leur endroit. Bref, sur le trottoir des filles publiques, on n’est pas libres de nos gestes, nous les nanas lambdas du privé. Pourtant on aurait des choses à se raconter, des petites histoires croustillantes sur ces hommes qui croisent nos chemins dans des mondes parallèles. Imagine Nafitassou et Anne Sinclair, attablée à une terrasse, et DSK qui passe, dans sa berline.

Je sais que le mariage dont je me suis affublée pour « être protégée » me rend égale à leur pratique, je sais que ce que j’appelle la « galanterie » m’enchaîne peut être plus longtemps à mon bienfaiteur que le bifton qui passe de main en main après une passe. Je me demande souvent si j’aurais pu me sentir obligée de faire ce qu’elles font pour survivre. Je ne me demande jamais si j’aurais voulu.  Sincèrement je ne peux pas me mettre à leur place, où se mettraient-elles sinon?

Allons changer nos couches dans les sex shops, allons faire pisser nos chiens dans les quartiers chauds, investissons les avec nos poussettes.  Foresti nous a montré la voie de Zara pour s’échapper du parc en catimini, mais prenons plutôt l’autoroute. Que les mamans pachydermes, putes pu pas putes sortent de leur caverne et investissent l’espace public de façon massive, une fiesta diurne d’indignéEs. Il paraît que la mémoire olfactive est la plus tenace à long terme, allons marquer le territoire du chaud lapin planqué.

Candide optimisme

Ca roule ma poule. Sourit, serre les fesses, et tout ira bien. Surfant sur la vague rose de la béatitude, l’heure est propice au post de « gratitude ». Il s’agit dans ces posts de cultiver l’onctueuse reconnaissance que l’on a de vivre dans le meilleur des mondes possibles, celui où tout s’équilibre par la main invisible. L’idée brillante derrière le concept est la suivante: même si on est plein de rancoeur à cause de la crise des subprimes qui a foutu les économies de retraitées en l’air, même si le virus ebola extermine les pauvres hères, même si la concentration de propriété n’a jamais été si forte et l’apanage du pouvoir concentré à dose homéopathique chez quelques privilégiées, même si la souffrance, les guerres et la violence semblent omniprésentes, il faut rester positif, car c’est en restant positif que l’on peut construire.

La rage, la colère ne peuvent que détruire et vous isoler du RDM (reste du monde), dans un cercle vicieux dont vous êtes nécessairement le héros solitaire et tout puissant (parce l’héroïne c’est pas la bonne came), c’est vous qui avez les cartes de votre destin en main, même si les cartes proprement dites ne sont pas les mêmes pour tous, l’Art de les disposer et de les mélanger à votre guise devrait vous suffire pour vous en sortir, à condition de rester optimiste. Mille sabords!

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Ca donne des trucs kafkaïen quand même. Victime de viol ou de violences conjugales? Cesser d’angoisser, tourner la page, la résilience vous donne les outils pour oublier. Victime d’inceste? Lisez Gardner, il vous explique pourquoi c’est mal de dire que c’est mal à un enfant, cela ne fait que renforcer le traumatisme. Il y a un moment même ou aligner sans cesse les stats de la discrimination devient une partie du processus d’aliénation. Quand on ne peut changer le cours des choses, mieux vaut en rire. Donc on poste des trucs supers positifs sur Face Book, de soi-par-soi-pour-soi avec amis, familles, voitures, en vacances, au soleil. Pleins de jolies couleurs et de gratitude zen, des selfies sous toute coutures, on est résilientE surtout quand on a été violéE, battuE. Même les mortEs doivent afficher cette belle sérénité. Enfin c’est terminé! IMG_5183

On pense avoir trouvée la panacée dans quelques philosophies orientales dont on ne connaît pas les ressorts mais juste les artifices clinquants, pour recopier notre passé sans changer une virgule ni un iota.

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Cela a un nom: le déni, et cela a même déjà laissé des traces vite effacées dans le sable blanc par la vague déferlante des bien-pensantEs. Entrez dans n’importe quel temple bouddhiste, et installés là à coté des Bouddhas souriants et méditatifs se trouve des Bouddhas rouges de colère, portant des peaux de tigres écorchés vifs et brandissant des armes. Du yoga des Indes on oublie vite Shiva le destructeurs des mondes à reconstruire sur les décombres de la rage.  Nous ici on ne retient que le sourire de Matthieu Ricard et ses photos safaris-des-pauvres-qui-sourient. Oubliant que le moteur de la paix zen est d’abord une intense colère contre l’injustice du monde, une intense frustration dont il s’agit d’orienter l’énergie pour justement construire autre chose. Sans colère pas de force. Sans ressentiment pas de changements.

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La plus grossière erreur consiste à ne pas même savoir qu’on a sous nos latitudes occidentales déjà abordé le sujet, et fait le tour de la question. Les Docteurs Pangloss et le meilleur des mondes possibles ont déjà été dénoncés par Voltaire. Il appelait cela être Candide (du titre du conte du même nom) une espèce de béatitude endormie qui profite surtout à ceux qui ont leur place bien établie. Qui font taire les velléités des moins nantis en leur hurlant « Hou les vilainEs, arrêter de râler » vous n’aurez de toute façon pas mieux puisque on a là la répartition optimale des ressources dont on dispose. Candide va peu à peu questionner, puis remettre en cause son optimisme à toute épreuve. Ben non, c’est pas top du tout là mon pote, c’est la M. Bordel! (dirait Yoanna).

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Si donc vous persistez dans cette saine habitude des posts gratitude, essayez de réduire le champ de vos remerciements à quelque chose dont le RDM sans exception pourrait se targuer, et là, mis à part la couleur bleue du ciel, le sifflement du vent et la vie qui s’éver-tue, il n’y a pas grand chose. L’amour, le gîte, la famille, les vacances, les amiEs, les sujets paquebots du style-j’ai-enfin-réussi-mais -pas-toi-alors-laisse-moi-jouir-de-mes-privilèges-en-paix ne sont pas très gratifiants pour les autres.

Il y a des posts généreux, charitables même. Ceux là sont des plus pernicieux.  Ils vous incluent dans quelque cause par vos deniers virtuellement distribués. Sous la plume de Pierre Choderlos de Laclos dans les Liaisons dangereuses en 1782 voilà que l’humble élan charitable devient un pathos ambigu, dont le but inavouable est le plaisir de celui qui contemple, un rien sadique, cette misère: « J’avouerai ma faiblesse ; mes yeux se sont mouillés de larmes, et j’ai senti en moi un mouvement involontaire, mais délicieux. […] J’ai trouvé juste de payer à ces pauvres gens le plaisir qu’ils venaient de me faire. J’avais pris dix louis sur moi ; je les leur ai donnés. Ici ont recommencé les remerciements, mais ils n’avaient plus ce même degré de pathétique : le nécessaire avait produit le grand, le véritable effet ; le reste n’était qu’une simple expression de reconnaissance et d’étonnement pour des dons superflus. » (Lettre XXI)

J’ai trouvé un matin, en me promenant avec la chienne ce graffiti féministe : Alors, ça coule ma poule?  C’est pas dangereux une poule, tout le monde sait qu’elles n’auront jamais de dents. Quand à savoir si les doux roucoulements sauveront la blanche colombe, je n’en doute pas. Ils la couleront. Quant à moi, je suis une grenouille à grande bouche.

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